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Extraits de Au cœur du cœur, poèmes d’Andrée Chedid, éditions Librio Poésie
http://www.librio.net/Albums_Detail.cfm?id=44456
1-Aimer : Au cœur du cœur, Andrée Chedid
2-Espérer : La fleur d’orage, Andrée Chedid
Extraits de Voix de femmes. Anthologie Poèmes et photographies du monde entier. Sous la direction de E. Turgut, Poèmes choisis par Lionel Ray.
3-Connaître : Je te regarde, Maram el-Masri, Syrie
4-Croquer : Une dent s’habilla, Eva Bezwoda, Afrique du sud
5-Enjamber : Le mûrier, Anna Kalandadse, Géorgie
6-Enlacer : La nuit avec ma télé, Mandakranta Sen, Inde
7-Etreindre : Etreinte, Blaga Dimitrova, Bulgarie
8-Exister : Il est bientôt minuit dans la ville, Mouliat Emij, République des Adygués
9-Fouetter : Effort inutile, Clara Janes, Espagne
10-Humer : Tourment, Nirmalprabha Bordoloï, Inde
11-Partir : Partir…, Nadine Fidji, La Réunion- France
12-Perdre : Portrait, Cecilia Meireles, Brésil
13-Porter : Je suis lasse, Umm Hakim, Arabie antéislamique (Arabie saoudite)
14-Pouvoir : Pouvoir, Werewere Liking, Cameroun
15-Préserver : Poésie, Nirmalprabha Bordoloï, Inde
16-Rafraîchir : La source et le soleil, Iarida Petrova Vars, République de Tchouvachie
17-Réconforter : Poésie, Alessia Kuular, République de Touva
18-Rugir : Les choses simples, Debora Vaarandi, Estonie
19-S’ouvrir : La rose, Edith Södergran, Finlande
20-Tomber : Une larme sur la paume de ta main, Fazu Alieva, République du Daghestan
Extraits de Quelqu’un plus tard se souviendra de nous, éditions Gallimard
21-Embrasser: Baiser au front - c'est effacer l'ennui, Marina Tsvétaveïa
22- Mourir: Je préfère me souvenir, Emily Dickinson
23-Offrir : Les roses de Saadi, Marceline Desborde Valmore
Extraits de VROUZ, Editions Gallimard
http://www.gallimard.fr/Catalogue/Table-Ronde/Vermillon/Vrouz
24-Rire : Dans mon panier plastoc, Valérie Rouzeau
25-Voyager : Avant de descendre, Valérie Rouzeau
26-Rêver : Je vous visiterai mes amis inconnus, Valérie Rouzeau
Lire les poèmes :
1-Au cœur du cœur, Andrée Chedid, Au coeur du coeur, Librio Poésie
Au cœur du cœur
Le cœur
Au cœur de l’espace
Le Chant
Au cœur du chant
Le Souffle
Au cœur du souffle
Le Silence
Au cœur du silence
L’Espoir
Au cœur de l’espoir
L’Autre
Au cœur de l’autre
L’ Amour
Au cœur du cœur
Le Cœur
2-La fleur d'orage, Andrée Chedid, Au coeur du coeur, Librio Poésie
Mes amis, la peine est de ce monde ;
La peine est de ce monde, je le sais bien.
Comment deviner, sur la fragile branche,
Le nom des saisons à venir?
La peine est de ce monde, ô mes amis que j’aime,
Mais chaque fleur d’orage porte la graine de demain.
3-Je te regarde, Maram el-Masri, Voix de femmes, éd. Turquoises
On a plusieurs visages
sur les épaules,
sur ses papiers d’identité,
ses photos souvenirs,
Plusieurs visages
Que l’on déchire ou que l’on range,
Que l’on cache ou découvre,
Auxquels on s’habitue, que l’on renie,
Que l’on aime et que l’on hait,
Plusieurs visages
Que l’on connaît,
dit-on, que l’on connaît !
4-Une dent s’habilla, Eva Bezwoda, Voix de femmes, éd. Turquoises
Une dent s’habilla en bottes de cheval
Et nœud pap’ ; elle polit
L’émail blanc de sa face
Elle trépigne, elle cliqueta
Elle nia être pourrie
Elle saliva, elle bava pour en avoir plus
Elle croqua dans la courbe du monde
5-Le mûrier, Anna Kalandadse, Voix de femmes, éd. Turquoises
Pour sûr, il va enjamber ma fenêtre, ce mûrier,
Pénétrer dans ma chambre, effleurer mes cheveux,
Il me parle, il me fait de grands signes,
Mon arbre fier dont le feuillage est d’émeraude.
Ô ce chuchotement qui me tourne la tête…
Ô ce murmure passionné plein de chaleur…
Ô ce mûrier qui va enjamber ma fenêtre,
Entrer dans ma chambre
et me prendre par la taille.
6-La nuit avec ma télé, Mandakranta Sen, Voix de femmes, éd. Turquoises
Certains jours sont terribles
J’enlace la télé et l’emmène dans le lit
Les chaînes allumées toute la nuit
Jettent dans mes yeux
Une poussière d’or
Le jeune gaillard de la publicité
Longue chevelure regard de velours
Chemise ouverte boucle d’oreille
Me cligne de l’œil
Lui qui habite dans ma ruelle
Il sera à moi si seulement je
Bois du Coca-Cola
Dans la publicité je m’allonge avec lui
Enlacés tous les deux toute la nuit
Dans la boîte je suis entrée
Toute la nuit me suis tournée et retournée
Un peu différente l’étreinte de la télé
7-Etreinte, Blaga Dimitrova, Voix de femmes, éd. Turquoises
Le cœur dans le cœur. Et le souffle dans le souffle,
Tu étais si près de moi que je ne pouvais te voir.
Je voyais loin à travers ton épaule une sombre cime.
J’étais partie comme pour aller au-delà de toi.
J’entendais le fou battement de cœur des étoiles.
J’allais à la rencontre du vent essoufflé, recouvert de feuilles,
J’accueillais les silhouettes qui venaient des forêts
Et les branches, ouvrant leurs bras dans la nuit.
J’aspirais le lointain en un énorme trait.
Je pressais la crête, les nuages et les étoiles contre ma poitrine.
Et dans ce cercle étroit d’une étreinte
J’embrassai tout l’infini de l’univers.
8- Exister Mouliat Emij, Voix de femmes, éd. Turquoises
Il est bientôt minuit dans la ville.
Les fenêtres s’éteignent comme si c’étaient
les oiseaux bleus, verts et jaunes de lumière
qui quittaient les murs sombres les uns après les autres.
Les nuages des rêves, invisibles et légers,
agitent l’air rafraîchissant de la nuit
et il coulera sur l’asphalte
des rues roulées en boule.
La nuit est transie, si infinie et si profonde
que même le cri au secours
n’atteindra pas ses profondeurs.
Je ressens que j’aime
être extrêmement petite dans cette nuit,
sous ce ciel, sur cette terre,
que j’aime ce petit caillot de chaleur
dont mon corps et mon âme ses composent,
que même très tentée de connaître
le mystère de tout ce qui existe
je ne veux pas être plus que je ne suis.
9-Effort inutile, Clara Janes, Voix de femmes, éd. Turquoises
Chaque homme
Est un fouet
Qui frappe le vide.
Seul,
Sur la terre,
Et avec son amour
Fustigeant les
Limites.
Seul.
Aveugle.
Que vienne le sommeil !
Qu’il me jette sa cape
De blanche amnésie !
10-Tourment, Nirmalprabha Bordoloï, Voix de femmes, éd. Turquoises
Dans l’odeur des rizières en automne
Mon père revient vers moi.
Dans le parfum du châle neuf
Déplié au sortir de l’échoppe,
Je retrouve ma mère.
Le signe de la présence,
Où le laisserai-je pour mes enfants ?
12-Portrait,Cecilia Meireles, Voix de femmes, éd. Turquoises
Jadis je n’avais pas ce visage,
aussi calme, aussi triste, aussi maigre,
ni ces yeux tellement vides,
la lèvre amère.
Je n’avais pas ces mains sans force,
si passives et froides et mortes ;
je n’avais pas ce cœur qui ne se montre.
Sans moi s’est fait ce changement,
si simple, si certain, si facile ;
_ Dans quel miroir s’est perdue
ma face ?
13-Je suis lasse, Umm Hakim, Voix de femmes, éd. Turquoises
Je suis lasse de la tête que je porte.
M’a déserté le désir de la laver et de la soigner.
Y a-t-il un homme qui puisse porter son poids à ma place ?
14-Pouvoir, Werewere Liking, Voix de femmes, éd. Turquoises
Il est des mots comme des baumes
Ils adoucissent et laissent un goût de menthe
Il est des regards comme de la laine d’agneau
Ils enveloppent et réchauffent dans la caresse
Il est des sourires comme des pleines lunes
Ils illuminent avec timidité.
Pouvoir !
Pouvoir regarder
Pour déceler
Pour deviner
Pour sentir
Et être heureux !
Il est des promiscuités enivrantes
Et des frôlements comme des caresses de soleil
Furtives et discrètes et excitantes
Elles laissent un goût d’attente !
Pouvoir !
Pouvoir sentir et être heureux !
Il est des caresses alarmantes
Qui laissent sur le qui-vive !
Il est des noms qui augurent du destin
Et des phrases comme des décrets
Pouvoir déceler
Pouvoir
Et être heureux !
Il est des visages comme des proverbes
Énigmatiques et symboliques
Ils appellent à la sagesse
Parce que la vie c’est l’avenir
Et que l’avenir c’est toi
15-Poésie, Nirmalprabha Bordoloï,Voix de femmes, éd. Turquoises
Si tu portes dans ton cœur un coin de forêt,
Tu trouveras l’ombre où goûter le repos.
Si tu gardes dans ton cœur un peu de ciel bleu
Un couple d’oiseau y prendra son essor.
16-La source et le soleil, Iarida Petrova Vars, Voix de femmes, éd. Turquoises
Midi. L’été.
Le soleil est las de chauffer.
Dans la source transparente
Il a laissé tomber sa tête bouclée.
En caressant les cheveux du soleil
La Source chante tout bas
Le Soleil embrasse la Source
Et dort dans la fraîcheur transparente.
17-Pouvoir, Alessia Kuular, Voix de femmes, éd. Turquoises
Celui qui dit que la poésie est une fantaisie
C’est lui qui est fantaisiste.
La poésie est un ruisseau
Où on étanche sa soif.
Forêt d’amour et de beauté.
La poésie, c’est la Haute Taïga.
Semblable au lait maternel
La poésie réconforte et donne des forces.
La poésie est ce territoire du cœur
Où le toc et le mensonge ne trouvent aucune place.
18-Les choses simples, Debora Vaarandi, Voix de femmes, éd. Turquoises
Les choses simples m’ont donné la force
De demander, d’exiger, de parler
De répondre à l’appel inquiet des journées,
Qui m’ordonnait de pouvoir, de savoir !
Je sais que ma poitrine n’est pas faite
Pour rugir avec la puissance des tempêtes.
Et pourtant j’aime la tempête, et je méprise
L’écume rejetée sur la grève.
Et pourtant j’aime le gravier des chemins,
Même s’il couvre mes pieds d’ampoules.
J’aime les chants qui montent et qui résonnent
A tous les coins du monde…
19-La rose, Edith Södergran, Voix de femmes, éd. Turquoises
Je suis belle car j’ai poussé dans le jardin de mon amant,
Dehors sous la pluie printanière j’ai bu le désir,
Dehors sous le soleil j’ai bu le feu_
Maintenant je suis ouverte et j’attends.
20-Une larme sur la paume de ta main, Fazu Alieva, Voix de femmes, éd. Turquoises
Ma larme dorée est tombée sur la paume de ta main
Je ne sais pas moi-même comment tu as mérité un tel présent ?
Dans cette larme se cache toutes les vérités du monde, tous mes sentiments,
Mes espoirs, mes offenses, mes extases et le fil de nos destins.
Une larme de mes inquiétudes est tombée sur la paume de ta main :
Pourquoi ne te sens-tu pas roi à cet instant ?
21- Baiser au front, Marina Tsvétaïéva, Quelqu’un plus tard se souviendra de nous,éd. Gallimard
Baiser au front – c’est effacer l’ennui
Je baise au front.
Baiser les yeux – c’est tuer l’insomnie
Je baise les yeux.
Baiser les lèvres- c’est donner à boire
Je baise les lèvres.
Baiser au front- c’est effacer la mémoire
Je baise au front
22- J'aime mieux me souvenir d'un couchant : Emily Dickinson, Quelqu'un plus tard se souviendra de nous, éd. Gallimard
J’aime mieux me souvenir d’un Couchant
Que jouir d’une Aurore
Bien que l’un soit superbe oubli
Et l’autre réel.
Car il y a dans le départ un Drame
Que rester ne peut offrir –
Mourir divinement en une fois le soir-
Est plus aisé que décliner-
23-Les roses de Saadi,Marceline Desbordes Valmore, Quelqu'un plus tard se souviendra de nous, éd. Gallimard
J’ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j’en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les nœuds trop serrés n’ont pu les contenir.
Les nœuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer sont toutes allées.
Elles ont suivi l’eau pour ne plus revenir.
La vague en paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l’odorant souvenir.
24-Deux fois deux semelles, Valérie Rouzeau, VROUZ, éd. Gallimard
Deux fois deux semelles au magasin
Dans mon panier plastoc j’ai mis
C’est l’été pour aller nus pieds
Dans mes chaussures sans trop suer
Au rayon des fruits et légumes frais
Je croise un copain voisin mien
Son regard tombe sur les semelles
A plat au fond du panier tiens
Tu aimes la viande coriace comme ça
Au point d’en prendre deux fois deux fois
Morceau en promotion dis donc
Là d’éclater de rire fou fou
Entre kiwi poires conférence
Patates et caddies gondolés
25-Avant de descendre, Valérie Rouzeau, VROUZ, éd. Gallimard
Avant de descendre assurez-vous
De ne rien t’oublier
Un agréable voyage une bonne journée
Nous vous prions
De bien vouloir nous excuser
Pour la chaîne occasionnée
Votre chef d’abord
Personnel au bout du quai
Etiqueté qui t’es quitté
Abandonné suspect
Bien vouloir nous signaler
Tout objet qui paraîtrait
Nous vous remercions
De votre incompréhension.
26-Je vous visiterai,Valérie Rouzeau, VROUZ, éd. Gallimard
Je vous visiterai mes amis inconnus
Au sol dans les nuages je ne vous louperai
Aussi sûr que j’aurai dans ma chaussure
Un petit gravillon pour m’agacer le pied
Une plume collé sous ma semelle aussi
Un mégot antérieur long rêve de fumée
Ou crottin de cheval herbe mal essuyée
Réminiscence douce et dormante douce
Mes amis inconnus je m’assoirai dessus
Votre seul cœur de marbre
Dur et pur comme un chêne
J’ôterai de mon soulier le caillou blanc
Et je vous chanterai une chanson mince
A l’intérieur tout noir de moi.