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« (...) Alors ils s’en allaient, dansant dans les rues comme des clochedingues, et je trainais derrière eux comme je l’ai fait toute ma vie derrière les gens qui m'intéressent, parce que les seuls gens qui existent pour moi sont les déments, ceux qui ont la démence de vivre, de discourir, la démence d’être sauvés, qui veulent jouir de tout dans un seul instant, ceux qui ne savent pas bâiller ni sortir un lieu commun mais qui brûlent, qui brûlent, pareils aux fabuleux feux jaunes des chandelles romaines explosant comme des poêles à frire à travers les étoiles et, au milieu, on voit éclater le bleu du pétard central et chacun fait «Aaaah !» Quel nom donnait-on à cette jeunesse-là dans l’Allemagne de Goethe ?»
Jack Kerouac, Sur la route

Louisa Miller, d'après Cabale et amour de Schiller

Théâtre Musical
traduction de Sylvain Fort

création le 28 janvier 2012 à La Forgerie

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avec :
Louisa Miller : Leslie Bernard
Christine Miller : Eléonore Bovon
Catherine Milford : Maud Galet-Lalande
Tante Sophie : Monique Vétier
Ferdinand de Walter : Karim Billon
Wurm : Aurélien Lorgnier
Le gardien : Fabrice Rappart

Et le Chœur des visiteurs (chorales de Montier-en-Der et de Wassy, ensemble vocal de Thonnance les Joinville)

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Adaptation et mise en scène : Anne-Laure Lemaire
Chants : Eléonore Bovon
Scénographie : Blandine Vieillot
Construction : Guéwen Maigner
Vidéo : Lidwine Prolonge
Lumières : Paul Deschamps et Paul Galeron
Régie générale : Alicia Didry
Assistante costume : Valentine Serrano

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L’Arche est agent et éditeur du texte représenté

 

Co-production La Forgerie /théâtre du Val de Blaise et Compagnie Nie Wiem, avec le soutien de la DRAC de Champagne-Ardenne, de l’ORCCA, de la Communauté de communes du Val de Blaise et du Conseil Général de Haute-Marne.


Résumé
Le Président gouverne d’une main de fer, en faisant régner la Terreur, avec sa maîtresse, l’actrice Catherine Milford. Mais Ferdinand, son fils, tombe amoureux de Louisa, la fille de Christine Miller, guide du Musée situé dans le château où le Président a établi une de ses résidences secondaires.
Cet amour contrarie Wurm, le secrétaire du Président, qui pensait lui-même épouser Louisa Miller, de même que le Président, qui veut que son fils épouse Catherine Milford, dans le but de garder sa maîtresse sous la main alors qu’il doit lui-même se remarier.
Les menaces et la violence ne parvenant pas à séparer les deux jeunes amoureux, Wurm et le Président décident de recourir à la ruse : ils obligent Louisa Miller à écrire une fausse lettre d’amour à Wurm, laquelle tombe entre les mains de Ferdinand. Ce dernier, fou de jalousie, finit par empoisonner Louisa, avant de se donner la mort.



Note d’intention
Louisa Miller est une tentative pour contextualiser radicalement la pièce de Schiller, Cabale et amour, dans le temps et dans l’espace : le nord de la Haute-Marne, en 2011, dans un théâtre qui fut tour a tour gymnase, salle de classe, de bal, écurie.
Nous décidons de faire exister simultanément tous les âges de ce lieu, pour libérer la charge poétique créée par cette superposition des couches du temps. Et, pariant que le temps continue de faire son œuvre, le théâtre devient, le temps du spectacle, un musée, parenthèse temporelle où coexistent au même endroit différentes époques.
Si l’intrigue et la langue restent celles de Schiller, nous avons déplacé, condensé et aménagé certains passages, supprimé ou fusionné des personnages, greffé d’autres textes, de différents auteurs (de Goethe à Kerouac, en passant par Racine et Baudelaire) et des chansons. Là aussi, différentes époques coexistent, comme coexistent chez Schiller l’influence de Shakespeare, et l’arrivée d’Ibsen.
Ainsi que Verdi en son temps, nous choisissons d’intégrer un autre point de vue sur l’histoire, par la présence d’un chœur, celui des visiteurs du musée, qui assure une présence quasi permanente, presque fantomatique: c’est pour eux que le spectacle se fait (la visite du musée n’est-elle pas guidée, fléchée, pour que surtout personne ne se perde ni ne s’égare ou ne risque de passer à côté de l’œuvre ?), mais ce sont eux aussi qui font le spectacle. Les frontières ne sont pas très nettes, entre la vraie vie et la poésie, entre ceux qui sont supposés «faire de la culture», et ceux qui sont supposés la consommer...
Louisa/Ferdinand : comme bien souvent les adolescents, ils parlent entre eux une sorte de langage ésotérique, référencé à une sphère, une culture qui est la leur, faite de films, de musiques, de télévision, de livres, de blagues : n’a pas les codes qui veut. C’est comme si leur sens de la vie nous échappait et nous excluait à la fois. Nous n’entrons pas dans l’intelligence de leurs rêves, de leurs désirs, de leurs représentations, de leur bonheur possible.
La mécanique dramatique de la pièce, à l’image du monde social qui les entoure, est organisée autour de différents secrets, non-dits, mensonges, menant à un dénouement tragique : ils trouvent dans la réalité plus de mensonge que dans leur fiction, et ce qu’il n’y a pas chez eux, de la médiocrité et de la bêtise. L’on voit se tisser inéluctablement le piège qui se referme autour d’eux et leur questions muettes résonnent dans le vide : Qu’est-ce que le réel ? Y- a t-il une vérité ? Comment faut-il vivre ? Qui croire ?

 

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